jeudi 22 décembre 2016

Sciences et techniques : la confrontation

L’histoire moderne des sciences et des techniques en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, dans les Provinces-Unies et dans la péninsule italienne proposée à la réflexion des candidats aux concours des professeurs du secondaire permet de confronter ces deux domaines historiographiques trop longtemps séparés. En effet, la science moderne, fondée sur l’observation et l’expérience, ne reposait pas seulement sur des abstractions mais aussi sur des techniques à perfectionner ou à inventer. Trois ouvrages collectifs permettent d’approfondir ces liens étroits.
Celui paru dans la collection « Nouvelle clio » réunit une équipe internationale de chercheurs afin de présenter une histoire globale des hybridations techniques. D’abord, une série d’études géographiques sur les transports, le textile, l’imprimerie… tachent d’en finir avec le schéma simplificateur de la supériorité technique de l’Europe. Ensuite, des articles thématiques montrent que le progrès technique ne fut pas linéaire et que partout dans le monde, à l’échelle locale notamment, il y eut des tendances à l’intensification selon des modalités différentes du modèle usinier anglais.
L’ouvrage publié aux Presses universitaires de Rennes se concentre sur l’Europe et aborde en une soixantaine de courts articles les thèmes incontournables pour comprendre le grand basculement rationnel du XVIe siècle. Les acteurs (savants, ingénieurs, cartographes…), les institutions et les sociabilités montrent que le développement technique est certes lié à une innovation mais surtout à un contexte politique et social. Utilement complété par des focus sur des figures, des moments ou des objets, le livre, un peu émietté dans son plan, ne permet cependant pas toujours de saisir les grandes mutations entre 1500 et 1789.
C’est tout l’intérêt du livre publié par les éditions Atlande dont les jeunes auteurs cherchent à offrir non seulement une riche bibliographie à jour, mais aussi une synthèse des grandes questions qui permettent de mieux comprendre, à l’échelle du monde, la singularité technique et scientifique acquise par l’Europe à la fin du XVIIIe siècle. 





Références : 
Camille Blachère, Benjamin Deruelle, Aurélien Ruellet, Pierre Teissier, Sciences, techniques, pouvoirs et sociétés, 1500-1789, Neuilly, Atlande, 2016.
Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez, Alksandra Kobiljski, Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, PUF,  2016.
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger, L’Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, XVe-XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2016.

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